Références

Arche de la Défense

Deux présidents de la République ont pour projet de marquer l'axe historique parisien par une œuvre architecturale monumentale : Georges Pompidou (avec un projet de Ieoh Ming Pei, un projet d'Émile Aillaud, et surtout la Tour Lumière Cybernétique de Nicolas Schöffer), et Valéry Giscard d'Estaing (avec un projet de Jean Willerval). C'est finalement le président François Mitterrand qui concrétise ce projet, sous le nom de projet Tête Défense.

 

Serge Antoine, conseiller référendaire à la Cour des comptes et passionné de futurologie, est chargé de préciser le programme de ce projet. Il évalue dans son rapport remis en mars 1982, à deux milliards le coût de l'opération, auxquels il faut ajouter 276 millions pour la préparation du terrain par l'EPAD et 300 de manque à gagner2. Le 7 juillet 1982, Roger Quilliot, ministre de l'Urbanisme et du Logement, et Robert Lion, président de l'EPAD, lancent officiellement un concours international d'architecture. Ce concours réunit 424 projets anonymes venus du monde entier, dont quatre sont sélectionnés par le jury et présentés au président. Le 25 mai 1983, François Mitterrand, se ralliant à la proposition du jury, retient le projet de l'architecte Danois Johan Otto von Spreckelsen (professeur à l'Académie royale des beaux-arts du Danemark, architecte inconnu sans agence ni associé, mais qui a séduit par sa forme fétiche sur laquelle il travaille depuis de nombreuses années, le cube ouvert pour former une grande arche3). Pour répondre aux contraintes techniques, Spreckelsen s'associe à l'ingénieur-concepteur danois Erik Reitzel qui s'aperçoit que pour installer les fondations de la structure de l'Arche, il faut respecter l'autoroute et les lignes ferroviaires. Spreckelsen a l'idée alors de placer le cube pas vraiment dans l'axe historique de Paris, avec lequel il forme un angle de 6,30°, donnant ainsi de la profondeur à son monument4.

 

Les relations entre Spreckelsen et ses clients (ministère de l'Équipement, EPAD, la société qui gère le centre de communication et la Caisse des dépôts et consignations) sont difficiles. Le règlement du concours prévoyant que si le vainqueur est étranger, il devra être épaulé par une équipe technique française, familière des rouages administratifs nationaux. L'architecte danois décide en janvier 1984 de confier la responsabilité de la construction à Paul Andreu et de garder la partie conception. Conduits par l'entreprise française de travaux publics Bouygues, les travaux débutent réellement en 1985. Deux mille ouvriers qualifiés travaillent sur ce chantier (deux d'entre eux perdent la vie lors de la construction des structures supérieures). En avril 1986, le nouveau gouvernement de Jacques Chirac remet en cause le caractère public du bâtiment et supprime le Carrefour International de la Communication qui était l'âme du projet5. Spreckelsen, ulcéré par la dénaturation de son projet, démissionne et meurt quelques mois plus tard. La construction des deux piliers dure un an environ, deux équipes indépendantes travaillant en parallèle sur chacun d'eux.

 

L'inauguration a lieu en juillet 1989, deux ans après la mort de Johan Otto von Spreckelsen. L'an 1989 est marqué par des célébrations d'envergure telles que les cent ans de l'inauguration de la Tour Eiffel, le bicentenaire de la Révolution et de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen (l'ouverture au public le 26 août 1989 intervient justement pour célébrer ce dernier évènement). Le sommet du G7 intervient au même moment.

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